jeudi 27 février 2014

Esther dans la Bible


Pour quelle raison un livre est-il retenu dans la Bible? Les sages du Talmud s’interrogent, encore après la destruction du deuxième Temple, au sujet de la sainteté de certains écrits (Yadayim III, 5). Ils craignent par exemple que des versets de L’Ecclésiaste ou des Proverbes soient mal interprétés (Shabbat 30b). L‘inspiration divine des auteurs du Cantique des Cantiques (‘Edouyot V, 3) et du Rouleau d’Esther (Meguillah 7a) est mise en doute. Quant au Livre de Ben Sirah - L’Ecclésiastique - il est définitivement écarté.
Les rabbins considèrent en effet que des centaines de milliers de prophètes ont existé en Israël. Ces prophètes ne sont pas seulement des personnes ayant atteint un niveau supérieur de sagesse ou de relation à l'E-ternel. Ils sont aussi des messagers divins. Pourquoi leurs prophéties ont-elles disparu ? Le Talmud répond (Meguillah 14a):
Une prophétie qui est nécessaire aux générations futures a été écrite, celle qui ne l’est pas n’a pas été écrite.”
Un discours peut être inspiré par l'E-ternel, prononcé par une personnalité importante d’Israël, avoir à son époque une grande influence et exprimer une profonde sagesse, il ne trouve pourtant pas toujours sa place dans la Bible. La question qui est ici posée est : à quoi cela va-t-il servir ?
Pour les Sages, les livres bibliques n’ont pas pour fonction d’établir l’histoire d’Israël ou de réunir ses grands auteurs. Les Sages intègrent un livre dans la Bible, plus de quatre siècles après sa rédaction, en considérant qu’il contient un enseignement perpétuel.
Les livres bibliques répondent donc au minimum à deux critères.
  • Ils sont inspirés par l'E-ternel.
  • Ils sont écrits pour les générations futures.
On comprend alors les controverses au sujet du Rouleau d'Esther. Non seulement le nom de l'E-ternel n'y apparaît pas mais surtout les idées qu'il véhicule semblent contraires au message biblique. L'histoire du decret d'extermination des juifs puis de leur délivrance est indépendant de leurs fautes ou de leurs mérites. Le hasard, dans une grande part, et l'action de quelques personnages semblent déterminer le cours de l'histoire.

Nos Maîtres enseignent que non seulement le Rouleau d'Esther est un livre saint « malgré » le message qu'il délivre, mais surtout que, sans lui et sans son message particulier, la Bible est incomplète. Le Rouleau d'Esther nous apprend qu'il existe des moments historiques durant lesquels la haine destructrice envers le peuple juif est uniquement identitaire. Nul intérêt politique ou économique, nul conflit spirituel ou religieux en sont la cause. Seule la volonté irationnelle de mettre fin à l'histoire juive anime cette folie exterminatrice. Face à cela, les notions de mérites ou de responsabilités, si chères à la Bible et maintes fois vérifiées, semblent disparaître. Tel Mordékhaï refusant de se prosterner devant Haman pour la seule raison « qu'il est juif », l'affirmation identitaire, même détachée de son appartenance à l'alliance avec l'E-ternel est seule à trouver une issue à ce risque d'anéantissement.

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