jeudi 27 février 2014

Dès qu'entre le mois de Adar...

  Cet article a été écrit suite à l'attentat contre la yeshiva de merkaz harav, rosh hodesh adar 2 5768

נעוץ רשמי|הנרצחים בפיגוע בישיבת מרכז הרב ירושלים

« Dès qu'entre le mois de Adar nous multiplions la joie »
Comment entendre cette phrase du Talmud alors que cette année, à la veille du mois de adar II, tant d'adolescents ont été assassinés ou blessées grièvement ? Comment pouvions-nous chanter le hallel, les psaumes de louanges, en ce tragique jour de rosh hodesh ? Tel ce verset 19 du chapitre 116 :
בְּחַצְרוֹת בֵּית ײ בְּתוֹכֵכִי יְרוּשָׁלִָם...
« Dans les cours de la maison de l'E-ternel, en plein centre de Jérusalem... »
Dans une yeshiva, maison de l'E-ternel, en plein centre de Jérusalem, combien de cris ont été entendus ? Combien de pleurs ? Trois versets plus hauts, le Roi David affirmait aussi :
יָקָר בְּעֵינֵי ײ הַמָּוְתָה לַחֲסִידָיו.
« Une chose précieuse aux regards de l’E-ternel, c’est la mort de ses pieux serviteurs. »
Ses pieux serviteurs, ses « hassidim » sont ceux qui lui sont intimement attachés. Si jeunes, ces élèves de yeshiva ont fait le choix de se vouer à l'étude de la Tora. Combien d'autres jeunes de leur âges consacrent-ils toutes leurs journées mais également leurs nuits à l'étude de la parole de notre D. ?
Les ennemis d'Israël ont choisi le moment de leur étude de la nuit pour verser le sang de ces enfants. Le Talmud insiste sur la particularité de l'étude durant la nuit :
כל הלומד תורה בלילה חוט של חסד משוך עליו ביום
« Tout celui qui étudie la tora la nuit ; un fil de bonté est tendu sur lui le jour. » (T. B. Avoda zara 3b)
Etudier la Tora la nuit revient à étudier à un moment qui semble ne pas lui convenir. La journée est passée, le temps de l'action n'est plu. Les corps sont fatigués et les esprits perdent leur vivacité. Celui qui, malgré tout, s'efforce de consacrer sa nuit à l'étude, a conscience de la nécessité absolue de la Tora. Pour étudier la tora nous avons effectivement besoin de nos capacités physiques et mentales. Mais pour exister en tant que juif, nos capacités physiques et mentales ont besoin de la Tora.
Durant la longue nuit de notre exil, maintes fois nos ennemis ont voulu croire que le corps et l'esprit de notre nation étaient épuisés. Ils se sont efforcés à considérer que la journée lumineuse de notre peuple et de notre tora était passée et que nous devions sombrer dans l'obscurité. Mais nous avons toujours persister à étudier, à enseigner et à pratiquer notre Tora de vie, malgré l'aube qui tarde à venir.
La fête de pourim célèbre précisément cette résistance d'Israël à ses ennemis. Elle illustre la lente mais certaine apparition de la lumière après la nuit. Pour Israël, la nuit précède la journée. Peut-être est-ce ainsi que nous devons comprendre l'affirmation du Talmud :
" אמר רב יהודה בריה דרב שמואל בר שילת משמיה דרב: כשם שמשנכנס אב ממעטין בשמחה - כך משנכנס אדר מרבין בשמחה.
« Rav Yehouda fils de Rav Shemouel fils de Shilat a dit : de même que lorsqu'entre le mois de av, nous diminuons la joie, lorsqu'entre le mois de adar, nous multiplions la joie. » (Ta'anit 29a)
Le Talmud ne décrit pas des états de faits. Ce sont des injonctions. Au mois de av, quand l'exil nous paraît doux et salutaire et que le souvenir du Temple ne nous fait plus souffrir, nous avons l'obligation d'exprimer notre tristesse et de prendre conscience de la tragédie dans laquelle nous vivons encore. Quand à l'inverse nos ennemis éteignent violemment les jeunes lumières qui éclairent enfin notre si sombre fin de nuit, nous avons l'obligation de continuer à ressentir la joie qui anime toujours l'âme de notre peuple.
Il existe un lien entre ces deux mois ; celui de la destruction de notre Temple et du début de notre exil et celui de la fête de pourim. La peine s'est transformée en joie, le deuil en jour de fête, apprend-t-on dans la méguila.
Ces justes ont donné, malgré les ténèbres, leurs derniers souffles dans des paroles joyeuses d'une tora de vie. Leurs âmes sont entrées dans l'Eternité.

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Suite à cet article, le cours suivant a été donné : Dès qu'entre le mois de adar, on multiplie la joie.

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